L’ambiance super cool et pourtant rude (vu le boulot) n’avait rien à voir avec la suite des événements, donc du chien : Je n’avais qu’une approche purement utilitaire. Les cabots qui étaient là (une sorte de Berger Corrézien pur jus) se devaient de rentrer les bêtes, monter la garde, aller à la chasse et ne pas trop la ramener. D’ailleurs, c’étaient des chiens merveilleux, sympas quand ils te connaissaient, jamais malades et hyper résistants.
Puis ce fut la ville, pas
vraiment « l’idéal » en ce qui concerne les toutous
et pas top en ce qui concerne l’intégration.
Une seconde vie m’expédia en banlieue Parisienne, bien que je
n’ai pas de souvenirs précis de toute mon enfance, une chose
est certaine : je ne m’y plaisais pas et je n’y
retournerai en aucun cas… Cette sensation est étrange, car
j’avais plus l’impression de survivre que de vivre.
D’ailleurs, dans la même optique j’ai subi l’école
aussi, seul coup de bol dans mon malheur, mon père a toujours aimé
les chiens et plus précisément l’épagneul Breton. Grâce à
lui, j’allais découvrir la chasse, les expos et un club de
race… L’aventure fut sympathique, mais je recherchais autre
chose.
C’est donc d’autres
motivations et plus précisément
le sport qui ouvrira de nombreuses portes ?
Je pense être quelqu’un de naturellement passionné et qui plus
est, de relativement fidèle. La première fois que j’ai écouté
du Rock grâce à Elvis Presley, puis du Hard Rock avec Led Zep,
Deep Purple, Kiss et AC/DC je fus immédiatement séduit et je le
suis encore. De même qu’en m’impliquant dans le sport :
Je trouvai bien mieux qu’une satisfaction, mais un
exutoire.
D’ailleurs s’enchaîneront
petits boulots et pratiques acharnées soient : Foot, Bicross et arts
martiaux traditionnels avec un passage obligatoire en kick Boxing.
Ceci explique sans doute cela, car cette fascination pour la
culture Asiatique et encore aujourd’hui pleinement ancrée.
Peut-on vivre ses passions sans l’aide du destin, pas sûr ?
J’ai eu de la chance, car je n’ai jamais été au chômage et
je n’ai jamais côtoyé la délinquance. Sans être un modèle
de vertu, j’essaye de rester logique et pour cela les arts
martiaux demeurent l’école de référence. C’est ainsi que
l’on me sollicita pour le service militaire et c’est sans hésitation
que je demandais à devenir Maître chien.
Affectation pas évidente, quand on connaît les tenants et aboutissants
d’une équipe cynophile. Il y avait à l’époque les classes,
puis l’apprentissage, la surveillance, le nettoyage, l’entraînement
etc…
Malgré quelques
tapes sur le pif sûrement dues à mon caractère jovial, j’ai
adoré mon passage à Suippes, j’ai appris beaucoup de choses.
Pour l’ensemble et hors mis « le marche au pas » qui
aurait cassé les noix au plus zen des moines bouddhiste, le reste
en valait vraiment la peine.
Et là, coup du sort !
Aussi
étonnant que cela paraisse, dès mon arrivée j’ai eu un
Malinois. Il venait de Hollande et sa formation était comme Bibi
loin d’être terminée. De ce fait : Nous avons énormément
bossé et donc fini par être récompensés. Puis, ce fut les missions : Pour être au top,
on s’entraînait la nuit et évidement en situation réel !
Voilà une approche plutôt
singulière non ? Alors comment et pourquoi les sports canins ?
C’est en rentrant à
la caserne, que je vais découvrir l’instant magique qui allait
changer ma vie. Mon chef travaillait son
Malinois civil sur un
programme de Ring. Jusqu’alors, je ne connaissais que le travail
Militaire et quelques exercices de RCI.
Le mot qui convient est « révélation », le chien en
question était un Malinois extraordinaire, Toy de son nom
d’artiste, sautait 2m50 en hauteur avec 1m50 d’élan, gardait
une valise (une vraie), marchait en arrière, attaquait avec des
cessations au quart de seconde, enfin bref… le truc qui scotche !
J’étais subjugué, coup
de chance le chef me laissa m’occuper de Toy et par la suite, je
rachetais son autre jeune
Malinois Tex. Voilà comment tout a
commencé. On apprenait le Ring après le boulot, car c’est également
à cette époque que j’ai rencontré mon futur beau-frère
Pascal Chenevière
(HA
civil que l’on ne présente plus)
et Patrick Joli également
(excellent dans la toile) qui avant de se forger une
solide réputation en tant que chef cuistot était un cynophile émérite.
C’était au début des années 80 et on s’éclatait comme des
bêtes. A l’inverse de Patrick qui portait parfaitement le
costume, parfois nous avions le privilège de faire mordre.
C’est d’ailleurs à cette époque que je me suis aperçu
qu’une jambe ne plie que dans un sens ! Force de reconnaître,
que nos cabots étaient terribles, surtout celui de Patrick : un BA
( Brontosaure Atomique) terrifique…
C’est
au bout d’une année que la motivation de tenter autre chose va
alors se faire sentir ?
Oui la recherche, le décombre
etc… m’ont toujours fasciné, de voire ces chiens sauveteurs en
action, m’avait vraiment ému. Le sort en n’a voulu autrement,
car je fus victime d’un accident de la route.
Bilan
des courses, beaucoup de temps pour réfléchir. Le clash va
laisser des séquelles irréversibles !!!
C’est
surtout que je ne savais plus trop comment me placer face à un
chien. Catherine ma compagne, Patrick et Pascal vont énormément
m’aider à surmonter ce problème, je vais pourtant faire de mon
mieux « un mieux » loin d’être probant. Alors, me
voyant trop démuni physiquement, je vais étudier à donf. A un
point tel que je décidais de faire de l’
élevage. D’un autre
coté ma santé semblait se stabiliser et de mois en mois, je
commençais à retravailler ma condition physique, puis retour sur
les terrains avec mon
Malinois Tex, mais ce n’était pas
vraiment ça, ce qui me conforta dans l’idée d’élever.
Tex,
de son véritable nom V’Tex des Loups Mutins. Un pur Flap, fils
de Othis du Domaine de Maison Neuve sur une fille de Cuik, un
chien difficile au caractère pointu et moyennement cool.
Enfin
arriva le jour bénit où mon ancien chef militaire me confiait que
Jean & Denise Gangloff avait une femelle pour moi ! C’était
une fille de Rep de la Fontaine du Buis sur Icha une fille de Cuik.
Cette lice fut certainement la meilleure de mon
élevage. Elle était
d’un équilibre sans faille, toileuse et maman fabuleuse. Le
bonheur absolu de ma fille qui grandira à ses côtés.
Acte 2)
Elle
possédait une sensibilité « réactive » étonnante.
En un simple regard elle m’avait captée… Elle était aussi
protectrice que complice à un point tel, que je ne pense pas
revivre une telle alchimie avec une autre chienne, et cela même
si à l’élevage Nout s’en rapprochait le plus ! Il
m’est difficile de définir profondément cette relation tant
celle-ci « se vit plus, qu’elle ne se raconte ».
Encore aujourd’hui mes sentiments pour Cathy sont intacts. Elle
restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Malheureusement Cathy avait
mis la barre très haute, la prenant comme modèle : Je ne
trouvais aucune Malinoise lui arrivant à la cheville. Même, les
2 filles de Gamin des 2 Pottois que j’avais récupérées me
semblaient gnangnan. Tan pis : J’allais m’investir à 100 %
dans l’élevage avec ma reine mère et je sélectionnerai qu’à
partir d’elle.
Certes,
mais qui dit élevage,
dit affixe !
C’est le jour ou l’on me demanda de choisir un nom d’élevage,
que mes yeux se portèrent vers mon Katana.
Celui-ci était sur son présentoir avec un wakisashi
et l’idée fut immédiate « les 2 Sabres ».
Hasard ou coïncidence ?
Patrick
qui comme moi est aussi un passionné d’Art
martiaux (plus précisément
de Kung-fu et d’Aïkido) va
m’offrir le « traité des 5 roues » manuscrit génialissime
qui restera pour toujours mon livre de chevet.
Récit
épique du Ronin Miyamoto
Musashi. Sa philosophie ne peut que
pousser à réfléchir sur divers domaines (manuscrit encore
d’actualité, tant sa présence est puissante) anciens comme
contemporains.
De nombreuses réflexions tirées
de ses ouvrages vont
orienter mes choix, ma sélection et ma vision en matière de vie
(globale et de société) ainsi qu’en cynophilie. L’élevage
ne serait pas une passion, mais un sacerdoce.
C’est clair qu’il vaut
mieux avoir une furieuse envie, le feu sacré et même la foi !
La cyno : tu y
rentres comme dans les ordres ! Aimait à répéter sans arrêt
mon premier Maître Alain Savignat et
c’est surtout avec lui que j’allais apprendre la véritable
interprétation du terme « dressage ».
Cet
homme est un pur génie, un ovni ou mieux encore. Il avait dix ans
d’avances sur des tas de choses
comme : La caisse pour les positions, les jambes pivots, le
mixage Ring-Campagne sur un travail précis,
donner de la vitesse ou freiner, fortification par le sport, mise
en place millimétré et cessation
parfaite… Enfin bref, un mec hors norme.
Il
allait mieux que m’enseigner, il allait m’expliquer et me démontrer
l’ensemble de ses théories chez lui à Ardillière.
A l’époque, le club était composé de Patrick Joli, Michel
Bachelier, Jean-Noël Philipotaux (un
spécialiste du Schnauzzer) et moi.
Puis quelques années plus tard un jeunot nommé Fréderic
Matuzak viendra se joindre au bloc.
Dans le même temps, les choses bougent géographique- ment parlant.
Je quitte la Corrèze pour le Centre. Mon père et Pascal vont me
construire des installations d’enfer et cette fois, j’allais
tenter de prouver ma bonne foi en élevage. D’ailleurs les leçons
de dressage m’ont énormément servi, ce qui fait qu’Alain
m’a toujours compris sur ce chemin. Ce fut donc, un immense
honneur pour moi, quand un beau jour il me confia toutes
les archives du
Marais d’Aunis.
Un élevage se termine en
laissant la place à un autre, c’est ce que l’on nomme une
passation de pouvoir « un grand terme » qui signifie
confiance l’un en l’autre, sensation étrange et difficilement
explicable non ?
Absolument :
C’est le truc que tu sens et que tu fais. D’ailleurs : C’est
ce qu’il a fait avec moi et c’est ce que j’ai fait avec
Fabrice. Une sorte de coup de foudre inévitable !
Pour
en revenir à l’élevage, il est clair qu’à cette époque, il
y avait de supers chiens des supers finales et des hommes
d’attaques implacables afin de valider les acquits et de trier
l’inné...
J’avais déjà
eu d’excellentes satisfactions avec Badge des loups Mutins. Je
me remémore l’époque où Patrick était mobilisé à Tours. Il
m’avait téléphoné pour me parler
d’un jeune Malinois très prometteur.
Ni une ni deux avec le Frangin on prend la bagnole et banzaï.
Un peu qu’il était prometteur
le gaillard, encore un coup de foudre. L’éclair à peine éteint…
La saillie était faite !
Tout
est partie de là, j’ai commencé à prospecter et tous les
Malinois que j’ai utilisés m'ont fasciné. Puis, c’est sur les
conseils de Pascal que je vais utiliser Voltaire, je savais que
son courant de sang était différent et je ne voulais
en aucun cas bousiller mes appuis Rusky-Flap,
donc « au pire », je retournerai sur un sang Rep (Ce qu’il fera à 2
reprises).
C’était décidé, mes étalons d’élevage seraient les
suivants Rep, Badge, Voltaire et
Ultra. Au-delà des Rusky/FLap, j’ai toujours aimé les
demi-sangs, je trouvais qu’ils avaient cette fameuse complémentarité
parfaite pour notre french-Ring et je dois dire que le Malinois de
Gilbert m’avait bigrement interpellé ! « the kekla
in your face »… J’avais vu Ultra du Domaine du Caméléon
en finale et j’avais halluciné !
Tu
l’as dit Jean Mimi : Un concentré de qualités pur et dur,
qui plus est sympa et très beau… La messe était dite, la
construction serait de la sorte :
Sur
les produits Rep-Badge je remettrai Voltaire,
sur les Rep-Voltaire je remettrai
Badge, sur les produits Rep-Ultra je
remettrai Badge ou Voltaire et ainsi de suite jusqu’à avoir les
4 Malinois au pedigree sur un appuie Cuik.
Puis trouver une retrempe et revenir en consanguinité sur les
sangs dominants.
Grosse
entreprise qui va prendre 15 ans. Naturellement, ce type de
croisade ne peut se faire seul et d’autres cynophiles vont se révéler
déterminants :
Oui, d’une part car la vie d’un chien est courte et d’autre part
si tu veux travailler sur ses fils ou filles : Il faut taper
aux bonnes portes, donc : Au-delà de mes voyages, je vais
rencontrer une dizaine de personnes qui chambouleront ma façon de
voire les choses. Le premier à
m’alerter sur des sélections rigoureuses ce nomme Eric Cavaillé.
Sa prodigieuse culture va m’amener
à toiser la Belgique de fond en comble, je lui dois de m’avoir
ouvert les yeux sur le sujet et c’est grâce à lui que je vais
incorporer Itusk & Ivan des 2 Pottois dans mes courants de
sang. Le second s’appelle André Noël, figure emblématique de
notre univers cynophile. Ses réflexions, son savoir et son étonnante
maîtrise du monde « animal »
s’avèrent simplement fabuleux. Il aura la gentillesse de
m’enseigner des milliers de choses et je lui en serais
reconnaissant à jamais. La troisième personne va énormément
compter dans ma vie d’homme en général. En effet, François Lelevier
sera bien plus qu’un Maître Dresseur à mes yeux, il est
surtout une personnalité rarissime.
Il va m’apprendre un milliard de choses combinés en valeur
humaine, cynophile et philosophique. Le quatrième ce nomme Michel
Pechereau, chef d’équipe, dresseur
et HA extraordinaire. Il m’a fait bosser presque aussi durement
que François, mais grâce à lui j’ai enfin pu accéder à un
vieux rêve. Enfin, mon pote de tous les coups l’ami Frédo.
C’est le genre de gars qui ne pose pas de question, il fait !
Il a toujours bossé mes chiennes avec passion et conviction,
allant jusqu’à prendre sur son temps de repos et en bravant des
milliers de kilomètres. Homme de confiance par excellence,
il va amener un 2 Sabres sur un podium
de Ring, puis un second aux divers championnats Militaires. Il est
au-delà d’un ami cher… Le précurseur que je cherchais !
Enfin Léon Destailleur, André Varlet et Roland Thibaut qui me
feront profiter de leurs notions : Historique d’élevage,
de dressage et de connaissance sur la généalogie du Berger Belge !
Je sais, j’ai eu beaucoup de chance…
Et
de la chance, il en faut. Surtout quand on démarre sans un flèche,
sans moyen et loin de tout. Qu’à cela ne tienne, article 22
« chacun se démerde comme il peut » sera le leitmotiv
de plusieurs épopées.
Je
me souviens d’un coup de fil à Mr Guevel : "Cher Monsieur,
j’aimerai beaucoup utiliser Ultra pourriez-vous me filer un coup
de main ?" Et Gilbert de surenchérir, après avoir écouté
pendant une bonne heure et demi toutes mes explications : « pas
de problème », de même avec Bernard Bouchez, Michel
Rabouin et William Chambaud, une bande de sacrés bonhommes que je
tiens en plus haute estime, c’est vrai que ce n’était pas
toujours évident. Le nerf de la guerre a toujours été le pognon
; et moi je n’en avais pas !!! Un jour André Noël m’a
dit : "tu sais Jean-Mi, pour élever correctement, il faut beaucoup
d’argent." J’en ai rapidement fait l’expérience, mais je
suis également heureux d’être l’exception qui confirme la règle.
N’empêche que c’est grâce à tous que l’élevage a
fonctionné, un big merci !
Acte
3)
Depuis combien de
temps ?
J’élève, je vis, je dresse ? Depuis trop longtemps !
Pourtant : J’avais prévenu dès le départ : Compèt
jusqu’à 40 ans, j’ai fini à 42. Élevage 45, j’ai bouclé
aussi à 42, ça compense ! Pour, le dressage, je file un
coup de main au Sporting Club de Limoges, ça me permet de rester
dans l’action même si d’ici peu, ils n’auront plus besoin
de moi !
Je voulais parler
de tes reportages cynophile ?
Ah Ok, une bonne grosse dizaine d’années, peut- être
plus. Tout a commencé grâce à André
Varlet. Nous étions à Aurillac lors de la finale 94, il venait
de sortir son super bouquin sur les Bergers Belges et nous avons
longuement parlé. L’année d’après, il me demandait si je
voulais écrire pour le CFCBB. Mes textes ont plus à Alain Dupont
et j’eu le privilège d’écrire pour SansLaisse. La vache…
Je n’en revenais pas, la revue que je connaissais à l’époque
du BA me commandait des articles, j’étais hyper fier et je le
suis toujours, car SansLaisse est à la presse spécialisée, ce
que Chienplus est à Internet !
Et Chienplus
justement ?
Cette fois, c’est sous l’impulsion de Gilbert Guevel
& d’Alain Dupont. Ils m’ont présenté à JJ et hop, c’était
réglé. Le mec est droit, sympa et cool, je lui ai parlé de
plusieurs projets dont la saga du Malinois. Il fut immédiatement
intéressé et depuis, nous avons planché sur d’autres Trucs.
Il faut reconnaître qu’un Webzine de cette envergure est une
source d’infos extraordinaires. J’espère que les jeunes
savent la chance qu’ils ont ?
Tu suis les Infos
sur Internet ?
Je n’ai pas trop le temps, mais j’essaye. Je vais
souvent sur Malimaniac et dernièrement, je suis resté baba face
à la chronique d’Eric Cavaillé sur l’Adar. Il explique
beaucoup de choses, tout en restant précis et clair, c’est Géant !
Tu as suivi des études
spécialisées ?
Non vu ma
scolarité rapide… Je suis autodidacte. J’ai eu la chance de
bosser dans les prémisses de la vidéo sur Paris, puis j’ai
travaillé en radio comme animateur chroniqueur. On faisait des
papiers furieux sur des nanars ou sur des films qui nous avaient
gavés et puis on avait une rubrique musique ou là aussi, on
se lâchait en passant des groupes rarement écoutables à la
radio… C’était bien Trash. Le virus ne m’a jamais vraiment
quitté, car je bosse encore comme chroniqueur pour le Webzine
« le chant du grillon », et tu peux me croire :
ça décape mémé dans l’escalier !
Quand tu dis, une
scolarité rapide ?
Plus médiocre, que rapide. D’une part l’école
m’ennuyait. D’autre part, j’avais plus ou moins capté un
lavage de cerveau, du style : tu fais ça point ! Méthode
qui ne fonctionne pas trop avec moi… J’ai donc été remercié
illico et du même coup on m’a gentiment demandé d’apprendre
un métier. Dans ces cas là, tu n’as
pas le choix et ma conseillère d’orientation m’a suggéré
la mécanique. Choix judicieux quand on me connaît ! Du jour
où les profs m’ont vu à l’œuvre, ils ont ardemment
souhaité que je ne touche plus aux machines outils (rires). Ils
m’ont filé une lime et je suis devenu ajusteur de précision.
La encore un choix très judicieux, mais dans « conseillère »
y a " seillère" non ? Sur mes
propos, il ne faut pas croire que je dénigre l’école, au
contraire. IL n’y a que cette solution pour réussir et si
j’ai un seul conseil à donner, c’est de bosser les ami(e)s,
il faut apprendre un max de trucs, c’est obligatoire. En plus,
il y a même la possibilité « aujourd’hui » (ce qui
n’était pas le cas, il y a 30 ans) d’une formation
dans les métiers du chien… Alors pas de blague et au taf !
Ce fut donc l’école Martiale ?
En effet : J’ai eu la chance d’approcher les arts
martiaux très jeune et j’ai également eu la chance d'en
pratiquer plusieurs, dont : Le Karaté traditionnel, le Ju
Jitsu et plusieurs styles de Kick Boxing ! Qu’elle ne fut
pas ma stupéfaction en découvrant et en approfondissant les
sports cynophiles dit « de Saisie »… La relation
directe avec les arts Martiaux m’a parut évidente. En voici mon
raisonnement immédiat : Le petit travail serait « les
Katas » et le mordant serait donc « le Randori » !
Le fait que le chien récitait par une gestuelle appropriée, puis
agissait en prouvant sa valeur, sa force et bien sur sa technique
m’avait poussé à ce constat. En fait, quand on analyse une
attaque de face et je rajouterai surtout la French-Ring, nous
sommes placés devant un combat au sens noble du terme !
L’HA et le Chien sont confrontés sur l’action de marquer
loyalement un maximum de points, il y a naturellement des degrés,
des échelons etc… Un peut comme si le brevet débutait à la
ceinture orange, pour arriver aux sélectifs avec la ceinture
noire. J’avais fait ce type de comparatif pour des gens qui ne
comprenaient pas pourquoi l’HA en France se tenait toujours en
opposition !
Ce n’est d’ailleurs pas évident
à comprendre d’un œil extérieur ?
Bien sur, que ce n’est pas facile. Mais, il faut savoir
qu’avant de tourner en Ring comme avant de tirer en compétition :
Tu es préparé à cela ! Ce n’est pas la peine d’aller
si loin, prenons le Rugby. Tu crois que les gars qui jouent ne
sont pas entraînés avec rigueur et maîtrise. Un placage ou le
simple fait de te stopper en courant peut te casser en 2 sans une
préparation adéquate. Idem sur une prise de Judo et bien pour
nos champions à 4 pattes, c’est exactement pareil. Il y a une
préparation physique et mental, voilà pourquoi nos chiens de
sports sont équilibrés. Ils travaillent, ils ressentent les
choses et non nul besoin de prouver leur courage dans la vie, ils
le font à chaque séance !
Tu dois bondir systématiquement
quand on évoque l’amalgame chien dangereux et sportif ?
Plus maintenant, par ce que je me suis aperçu que de
nombreux spécialistes cynophiles en tout genre n’en étaient
pas. Seul un pratiquant aguerri peut t’expliquer pourquoi le
chien a réagit de cette façon et cela après une analyse digne
d’un profiler (rires). Nous, les véritables utilisateurs
profitons d’un sens avisé de diverses situations et je rajouterai
que nous sommes déformés par notre sport, donc ultra vigilent
(voire pour certain parano). Quand tu pratiques sérieusement, tu
fais attention à la santé, à la condition physique, à la
technique etc… Tu as conscience de ce que tu fais et la chose
que tu redoutes le plus : C’est l’accident ! Nous
appliquons (sens le savoir pour certain) un code d’honneur précis,
nous avons une étique et nous ne faisons pas n’importe quoi
pour en mettre plein la vue au Pékin qui passe. Nous nous entraînons
dans des lieux appropriés avec des normes, des contraintes et des
protections ! Ce qui reflète un entraînement en salle avec
un Sparing Partner, tout est étudié, réfléchit, donc aucune
comparaison possible.
C’est parti
de quoi alors ?
Du mordant et de sa définition. Un chien mordeur, ça ne
veut rien dire. C’est comme une voiture qui roule !!! Tout
dépend comment tu définis à un instant précis le sens du mot.
En matière d’Arts Martiaux, tu penses bien qu’une personne QUI
d’un coup de poing casse 2 parpaings fera attention à ne
blesser personne sans une raison valable. Tu te rends comptes de
la responsabilisation qui pèse sur ses épaules ? La plus
part des gens disent « il ne faut pas l’emmerder celui la »,
mais le Karatéka « lui » fait tout pour que cela
n’arrive pas. Un jour André Noël m’a dit « apprenons
à nos chiens à mordre pour qu’ils ne mordent jamais ».
Je le rejoins complètement…
Donc Cyno et Arts Martiaux pour
toi ?
Sont liés, oui absolument.
C’est une école difficile, de rigueur, de technique et
d’humilité. De plus, il y a différents styles : les sportifs et ceux utilisés comme
self défense par la Police ou
l’Armée. Bien que diamétralement opposés, ils ont à la base, la
même âme, que je n’hésite pas à nommer Art Cynophile…
Propos retenus en 2007 par Émilie Gautier et Jean-Michel
Védrenne